dimanche 5 juillet 2009

Remettre à flot le patrimoine maritime


L’avenir du patrimoine maritime québécois semble à la dérive. Les goélettes, témoins de l’histoire de la navigation sur le Saint-Laurent au XIXe siècle et au début du XXe siècle, ont un urgent besoin de protection. Un effort qui passe nécessairement par des investissements et la reconnaissance de la valeur de cet héritage.Conçus selon les techniques traditionnelles de construction navale, ces voiliers historiques qui ont sillonné le fleuve pendant des décennies sont en train de disparaître dans l’indifférence générale. Il n’existe plus que neuf goélettes au Québec : la Marie-Clarisse II, la Mont Saint-Louis, la Françoise G, l’Île-aux-Coudres, la Grosse-Île, la Feu-follet, la Saint-André, la MP Émilie et la Jean-Yvan.Chacune de ces embarcations possède des caractéristiques particulières. Leur état de conservation varie de l’une à l’autre, mais sans amoindrir leur intérêt. Quelques-unes ont eu la chance d’être classées ou restaurées, mais la majorité demeurent presque à l’abandon et cheminent vers la disparition.Seulement deux goélettes ont été classées en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec : la Marie-Clarisse II et la Saint-André. Malgré le fait que le Québec et le Canada se soient développés grâce à la voie maritime qu’est le Saint-Laurent, les autorités font preuve d’un laxisme persistant quant à la protection du patrimoine maritime. Pourtant, ailleurs dans le monde, on observe une véritable préoccupation pour la préservation et la valorisation de ce patrimoine. En France, par exemple, de nombreux bateaux sont protégés pour le bénéfice de la mémoire collective.Présentement, seules deux goélettes sont en état de naviguer : la Marie-Clarisse II et la Grosse-Île. La Mont Saint-Louis est aussi très bien conservée et pourrait techniquement retourner sur l’eau. On devrait à tout prix maintenir ces embarcations en état de fonctionnement, puisqu’une fois hors d’état de naviguer, les goélettes doivent être mises à l’abri et auront alors peu de chances de retourner à l’eau, compte tenu des coûts impliqués.Le Conseil des monuments et sites du Québec (CMSQ) estime que le classement de ce patrimoine se révélerait un outil de gestion efficace pour sa préservation. D’abord, il témoignerait de l’importance accordée au patrimoine maritime dans le contexte culturel québécois et canadien. De plus, il encouragerait les initiatives de restauration en rendant possible leur subvention, car il est utopique de penser que des particuliers peuvent à eux seuls maintenir ce patrimoine en état. Même les institutions muséales ont de la difficulté à gérer une collection maritime, qui nécessite une structure complexe et des investissements financiers importants.Refuser cette reconnaissance à une goélette signifie la condamner à disparaître à brève échéance. Vu la rareté de ces navires, on ne peut pas faire la fine bouche. Les critères de mise en valeur devraient donc être plus souples. Ces bateaux ont tous un potentiel d’utilisation, même si leur état actuel de conservation laisse parfois à désirer. Laissons de côté l’idée d’une préservation de ce patrimoine par échantillonnage. Nous devrions plutôt faire en sorte que tous les spécimens qui subsistent soient protégés et qu’ils récupèrent leurs caractéristiques d’origine afin d’augmenter leur durée de vie et d’en faire bénéficier le public.Le CMSQ a demandé à la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, d’intervenir rapidement afin d’assurer la préservation de ces quelques goélettes en reconnaissant leur importance dans l’histoire de la navigation québécoise. Conseil des monuments et sites du QuébecSite Internet : http://www.cmsq.qc.ca/Courriel : cmsq@cmsq.qc.ca

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